Rando montagne - Des randonnées accompagnées en montagne à Valloire été comme hiver

Azize ADJOU, accompagnateur en montagnes à Valloire. Randonnées été, hiver, raquettes à neige...

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 Le Grand Galibier (3228 m.)

Cette randonnée d’un dénivelé de 1100 mètres nécessite une bonne condition physique et une pratique régulière d’une activité sportive. Ce sommet propose un panorama sur tous les massifs des Alpes

Le Galibier ! Et si on y allait ! Désireux de faire les honneurs de notre belle vallée aux vacanciers, Azize ne pouvait manquer de proposer cette randonnée. Le sommet est si cher au cœur des montagnards d’ici. Nous y avons déjà fait nous même plusieurs allusions dans les lignes qui précèdent. Dans la vallée, tous les regards convergent vers lui, avec admiration pour sa gracieuse majesté. On s’est peut-être déjà rendu en voiture jusqu’au Col, pour contempler l’Oisans, dominé par les Ecrins et la Meije, pour apercevoir le Mont-blanc, repérer les Aiguilles d’Arves ou retrouver la Roche Olvéra. On aura peut-être prêté attention à la borne qui, comme aux Trois Lacs, marque la frontière entre le royaume de Piémont-Sardaigne et la France. Car le Galibier a joué historiquement un grand rôle à Valloire, en tant que voie de passage et d’invasion. Par là, circulaient les hommes et les richesses, puis les touristes empruntant la route des Grandes Alpes, sans oublier, depuis maintenant un siècle, les cyclistes, à commencer par les coureurs du Tour de France.

Mais les courageux penseront sans doute avec juste raison que monter en voiture au sommet du col, c’est faire bien peu d’efforts pour un si grand plaisir. Un sommet comme le Galibier, et la vue imprenable qu’il offre sur l’ensemble de la vallée, se mérite. Il faut donc atteindre le pic du Galibier à pied, avec la sensation que chaque mètre franchi, c’est un pas de plus vers la récompense. On ne sera pas déçu du voyage et, au moins, là haut, on sera seul au monde, ou presque, alors que l’on ne compte plus le nombre de voitures stationnées au col.

D’ailleurs, tout compte fait, même si elle s’adresse exclusivement aux sportifs, cette randonnée est moins difficile qu’il n’y paraît, et Azize effectue de nombreuses pauses. Il y a tant de choses à admirer et à photographier sur le chemin, particulièrement les troupeaux de moutons se détachant au soleil levant sur la montagne. Parvenir au lac des Cerces par un sentier très peu pentu est un jeu d’enfants et un plaisir à cette heure matinale où une bienfaisante fraîcheur règne encore sur la montagne, dans un calme et un silence qui, bientôt, ne seront plus de mise lorsque nombre d’enfants et leurs parents viendront pique-niquer autour du lac.

Atteindre le col de la Ponsonnière ne présente pas plus de difficultés. Le sentier est agréable. Il y a bien la montée finale, quelques mètres à franchir et le tour est joué. On est alors partagé entre la tentation d’admirer le paysage qui s’étend de part et d’autre du col, et le désir de fuir au plus vite cet endroit toujours balayé par un vent glacial.

On fera plus volontiers une pause au Lac Blanc, dont nous séparent quelques monticules herbeux, un peu plus malaisés à franchir mais dont on vient vite à bout. On évitera de descendre jusqu’au lac en contrebas pour ne pas avoir à remonter, mais on aura tout le temps de le contempler en reprenant des forces avant de monter au Roc Termier.

Ensuite, le parcours se complique juste un peu, mais au rythme lent du montagnard adopté par Azize, on surmonte tous les obstacles et l’on file neuf fois sur dix vers une récompense inattendue. Du Lac Blanc au Roc Termier, on entre dans une immense zone composée de rochers et de caillasses, et autrefois de neige, avec ici ou là des végétaux et des cairns montrant que l’on est sur la bonne voie. De toute façon, on n’en doutait pas. Ce paysage singulier, où les sommets semblent un peu écrasants, est de ceux qui laissaient penser aux montagnards d’autrefois que les cimes étaient maudites et les rejetaient. D’ailleurs, puisque les troupeaux n’y allaient pas, on n’avait aucune raison de franchir la zone.

Je vous ai promis une récompense ? Quelques mètres et pauses plus loin, ne voit-on pas soudain de belles cornes bouger légèrement un peu plus haut ? Approchons-nous. Cela en vaut la peine. Et oui, les bouquetins du Roc Termier, vedettes de ces lieux, viennent comme chaque matin se placer sous le feu des projecteurs. Ils sont tout simplement majestueux, massifs et si paisibles. Ils ont l’habitude des randonneurs et, depuis que Victor-Emmanuel II, roi de Piémont-Sardaigne, grand chasseur, a créé pour les protéger la réserve nationale du Grand Paradis, entre Piémont et Val D’Aoste, alors qu’ils étaient en voie d’extinction, ils ne sont plus chassés. Ils n’ont qu’à manger et dormir, et se laisser prendre en photo. Alors, on sent moins les courbatures. Nous avons un objectif presque immédiatement accessible. Et souvent, un bouquetin en cache un autre sur le rocher au-dessus.

Reste une zone de caillasses au seuil des 3000 mètres. Là, le dénivelé commence à nous ralentir en nous faisant ressentir la distance parcourue. On a retrouvé le paysage désertique que l’on avait traversé jusqu’au Roc Termier. Mais nous ne sommes plus superstitieux comme l’étaient les montagnards d’autrefois qui croyaient à la présence d’esprits malfaisants gardiens des hauteurs. D’ailleurs, l’antenne qui indique le sommet est comme un phare qui nous pousse à avancer encore. Alors, mètre par mètre, nous gravissons la pente caillouteuse avant de nous retrouver au pied d’une paroi rocheuse, dernière défense que le Galibier oppose à ceux qui veulent le conquérir. Bien faible défense, d’ailleurs, puisque la paroi est fort aisée à franchir pour peu que l’on prenne son temps et que l’on progresse tranquillement. De toute façon, Azize montre le chemin et aide quiconque est dans le besoin. L’escalade juste avant l’arrivée au sommet, alors que l’antenne grandit à vue d’œil, peut même être un exercice plaisant si l’on a conservé son âme d’enfant et que l’on aime grimper.

Enfin, nous pouvons apprécier le panorama à 360 degrés que l’on est venu admirer. En bas, les Mottets d’où nous sommes partis, au fond les Verneys où l’on séjourne peut-être, et au loin, les Mamelles de Beaune et le Perron des Encombres. Partout, des cimes, auprès desquelles on se sent bien petit, et à quelques mètres, une croix, marquant elle aussi le sommet. Alors, on pourra remplir le livre d’or et pique-niquer, les yeux perdus dans l’immensité. Il n’y aura plus qu’à redescendre en prenant son temps et en se couchant, fatigués mais heureux, dans l’herbe près du lac des Cerces, avant de déguster une fondue et de plonger dans un sommeil réparateur. Que du bonheur, quoi ! 

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